Playing to Win (traduction)
Yosh !
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, il existe un livre rédigé par David Sirlin (Wikipédia si vous voulez). Il s’agit d’un ancien top player sur divers jeux de versus et il a centralisé dans sa bible tout son savoir, son expérience ainsi que ses observations et recherches (particulièrement ses parallèles avec le monde des échecs par exemple).
Si vous êtes ici pour améliorer votre jeu, acquérir un « mindset » de tueur ou encore devenir plus familier, plus à l’aise avec le monde des jeux compétitif (et pas seulement du jeu de combat, pour le coup), cet ouvrage est une mine d’informations.
Mon ami NTSC-CRP propose de traduire entièrement cet ouvrage dans la langue de Molière, afin de donner accès au plus grand nombre les conseils de ce livre. Tout le crédit lui est bien évidemment attribué ! Il effectuera la traduction chapitre par chapitre (une parution par semaine environ).
Le livre est en libre accés en PDF à cette adresse (si vous êtes à l’aise avec l’anglais) :
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JOUER POUR VAINCRE
Devenir le Champion Par David Sirlin
Dédié à ceux qui aspirent à vaincre
PROLOGUE
« Cela ne peut pas être trouvé en cherchant, mais seulement ceux qui cherchent le trouveront » Proverbe soufi
Imaginez une montagne grandiose, nirvana du jeu vidéo. A son sommet se trouvent l’accomplissement, le « fun » et même la transcendance. La plupart des gens ne s’intéressent même pas au sommet de cette montagne parce qu’ils ont d’autres sujets qui sont plus importants à leurs yeux, d’autres sommets à atteindre. Il y en a quelques-uns cependant qui ne sont pas à ce sommet mais qui seraient très content d’y arriver. Je m’adresse à ceux-là à travers ce livre. Certains n’ont pas besoin d’aide ; ils sont déjà en chemin. Les autres, au contraire, pensent qu’ils sont en pleine ascension alors qu’ils sont en fait bloqués dans un gouffre à la base de la montagne. Ils sont là, prisonniers de leurs propres constructions d’esprit et de leurs règles inventées. Si seulement ils pouvaient sortir de ce gouffre ils découvriraient soit un plateau très ennuyant (pour un jeu dégénéré), soit le sommet céleste de la montagne enchantée (pour un jeu « profond »). Dans le premier cas, escalader le gouffre leur apprendrait à trouver une autre montagne avec des satisfactions bien plus gratifiantes. Dans le deuxième cas, ils seraient simplement plus heureux. « Jouer pour vaincre » est en grande partie le processus de se séparer des constructions d’esprit qui piègent les joueurs dans le gouffre quand ils seraient plus heureux au sommet.
Ça dérange de nombreuses personnes qui pensent que je veux appliquer « Jouer pour vaincre » à chacun. C’est faux. Ce n’est pas que je pense que tous devraient ou aimeraient atteindre ce sommet en particulier. Il y a d’autres sommets dans la vie et certainement des meilleurs mais ceux qui sont coincés dans le gouffre devraient vraiment apprendre dans quelle position ils sont et comment devenir plus heureux.
Il y a ensuite la question éternelle de « A quel point tout ça s’applique à la vie réelle ? ». Je vais commencer par énoncer les grandes différences entre la vie réelle et les jeux : les jeux sont exactement définis par les règles ; la vie réelle, non. Le jeu à haut niveau c’est explorer les situations inhabituelles extrêmes. Faire cela dans la vraie vie peut être facilement inacceptable socialement, moralement interdit ou même illégal. Les jeux compétitifs requièrent des qualités militaires : immédiateté, tactiques d’urgence et la fin (ici la victoire) justifie les moyens (tant que c’est à travers de coups autorisés par les règles du jeu). La vie réelle requiert des qualités civiques comme la gentillesse, la bonne entente, la justice et la compassion. Et pourtant « Jouer pour vaincre » contient des leçons de vie précieuses qui vont au-delà du domaine des jeux. Mais avant de parler de ça, il est temps de commencer à vaincre.
INTRODUCTION – GUIDE DU DÉBUTANT
Je suis ici pour vous apprendre à vaincre.
Jouer pour vaincre est le concept le plus important ainsi que le plus mal compris de tous les jeux compétitifs. La triste ironie est que ceux qui ne comprennent déjà pas les principes que je vais présenter ne vont probablement pas croire qu’ils sont vrais. En fait si j’envoyais ce livre dans un voyage temporel à mon moi du passé, j’aurais aussi des problèmes à croire qu’ils sont vrais. Il semblerait que ces concepts ne s’apprennent uniquement par l’expérience, cependant j’espère qu’au moins quelques-uns d’entre vous me croiront sur parole.
« Les êtres humains, qui sont presque uniques par leur capacité à apprendre des expériences des autres, sont aussi remarquables par leur apparente réticence à le faire. » Douglas Adams, Last chance to see
Pourquoi vaincre ?
La chose merveilleuse des jeux compétitifs à somme nulle est qu’ils offrent une mesure objective de vos progrès. Quand vous adoptez une démarche d’amélioration personnelle continue, la même qu’un champion se doit d’adopter, vous avez un guide. Si vous gagnez de plus en plus (c’est-à-dire que vous battez de manière constante des joueurs de haut calibre), alors vous vous améliorez. Sinon, vous ne vous améliorez pas. Imaginez essayer de mesurer votre réussite dans d’autres domaines de la vie tels que votre vie personnelle ou votre carrière. Vous améliorez-vous ou non ? Pour répondre à cette question vous devez savoir exactement ce qui est inclus dans le domaine du « jeu » (ici la carrière par exemple) et ce qui ne l’est pas. Quels sont tous les facteurs qui entrent en compte dans votre vie professionnelle ? Il est très difficile de répondre. Même si vous aviez une réponse et créiez une mesure de votre réussite, d’autres personnes pourraient ne pas être d’accord avec vos standards. Ce n’est pas que l’opinion des autres est importante dans la mesure de votre réussite mais les opinions des autres vous gardent dans le droit chemin. Laissé à vos propres définitions vous pourriez (peut-être le feriez-vous inconsciemment) délimiter le domaine de votre « jeu » d’une manière biaisée, de telle sorte que vous pourriez apparaître avoir beaucoup de succès au « jeu » (ou échouer misérablement). Ce serait juste une manière de déterminer si vous êtes optimiste ou pessimiste.
Les jeux sont différents. La nature même du jeu est que c’est un ensemble de règles avec lesquelles tous les joueurs sont d’accord. Si des joueurs ne sont pas d’accord avec les règles alors ils ne jouent même pas au même jeu. Les règles définissent exactement ce qui est dans le jeu et ce qui n’y est pas. Les règles définissent ce qui constitue la victoire, ce qui constitue la défaite et ce qui constitue une égalité. On ne se soustrait pas à une défaite en redéfinissant ce qu’est le jeu. Le jeu ne doit pas nécessiter de redéfinition et une défaite est une défaite.
En quête de victoire vous allez probablement apprendre que vous concentrer uniquement sur battre votre adversaire n’est pas suffisant. A long terme vous devrez vous améliorer en permanence ou sinon vous serez surpassé. La vraie bataille a l’air de se dérouler entre vos adversaires et vous mais la meilleure manière de vaincre est d’apporter dans le combat votre maîtrise de jouer pour vaincre et votre maîtrise du jeu. Cela se développe en vous et n’est révélé aux autres seulement durant l’affrontement.
« On ne peut connaître quelqu’un qu’en le combattant » Séraphin, Matrix : Reloaded
Voulez-vous vaincre ?
Avant de continuer demandez-vous si vous voulez vraiment vaincre. La plupart des gens répondent affirmativement mais n’arrivent pas à prendre en compte que vaincre requiert plus que seulement le vouloir. Cela demande de l’implication, des efforts prolongés, de la discipline et du temps. Ce n’est pas pour tout le monde et cela ne doit pas l’être. Il y a beaucoup de grandes choses à accomplir dans la vie autres que de devenir un champion de jeux compétitifs. Si vos passe-temps sont autres, je vous suggère de ne pas continuer ce livre car il va seulement vous contrarier. Demandez-vous vraiment si vous dîtes incidemment que vous voulez gagner ou si vous le désirez profondément et que vous êtes prêt à faire les sacrifices nécessaires. Être un cuisinier hors-pair, une bonne mère, un docteur, un activiste politique ou un musicien sont tous de nobles buts qui peuvent, à cause de votre temps et de vos efforts limités, vous empêcher de vous concentrer sur une chose aussi triviale que vaincre aux jeux. Je ne vous conseille pas de jouer pour vaincre mais je suis là pour vous si c’est ce que vous souhaitez.
Il y a aussi ceux qui jouent aux jeux pour quelqu’un chose connu comme « le fun ». Ce sujet ne sera pas traité ici. Je pense qu’il y a bien plus de « fun » à jouer pour vaincre que de jouer seulement de manière non sérieuse, mais il ne sert à rien d’entrer dans ce débat maintenant. Ce « fun » est une chose subjective, difficile à définir exactement mais vaincre ne l’est pas. C’est ce que nous avons en plus pour nous : vaincre est clair et absolu. Quand vous jouez pour gagner, vous avez un but parfaitement clair et une mesure objective de vos progrès. Est-ce que le chef d’un restaurant est vraiment le meilleur de son domaine ? Qui peut le dire sans biais ? La situation est différente pour un joueur de jeux compétitif : soit il peut se défaire de ses adversaires de manière constante, soit il ne peut pas.
Les principes de la victoire s’appliquent à tous les jeux compétitifs à somme nulle. Peu importe le jeu vous devez créer un environnement dans lequel vous pouvez vous améliorer. Vous devez vous entraîner contre une large gamme d’adversaires. Vous devez libérer votre esprit des règles que vous vous imposez et qui vous empêchent de vaincre. Vous devez développer une « résistance mentale » et la capacité de lire l’esprit de vos adversaires. Vous devez interagir avec une communauté de joueurs. Que ce soit aux échecs, au tennis, à Quake, à Mario Kart, à Street Fighter ou au poker que vous jouez, les leçons sont toutes les mêmes.
Le jeu comme une conversation
Regardons ce que jouer de manière compétitive veut dire. Un jeu compétitif, selon moi, est un débat. Vous plaidez en faveur de vos avis avec votre adversaire et il plaide en faveur des siens. Vous dites : « Je pense que cette suite de coups est optimale » et il répond : « Pas si tu prends ça en compte. ». Les débats dans la vraie vie sont hautement subjectifs mais dans les jeux on peut être absolument sûr du vainqueur.
L’affrontement est entre les joueurs, le jeu est seulement le support (ici le langage) du débat. Le jeu doit être assez expressif pour laisser aux joueurs la possibilité d’exprimer des pensées complexes. Un débatteur expérimenté connaît les nuances du langage ainsi que les astuces et pièges fréquents qu’il peut utiliser contre des adversaires inconnus mais le langage est son seul outil. Une fois la théorie du débat apprise, il peut l’appliquer à tous les langages. Il est courant de se concentrer sur l’apprentissage des nuances d’un langage aux dépends d’une réelle compréhension de la manière dont le débat doit être mené. Un débat d’experts suppose une compréhension de l’adversaire et de ce qu’il va dire ensuite pour savoir immédiatement ce que vous allez répondre. Cela suppose de la tromperie et de l’audace, de la prise de risque et de la prudence. Si vous apprenez à débattre (jouer pour vaincre) alors apprendre des langages particuliers (des jeux) devient simple en comparaison.
Il y a quelques paragraphes j’ai dit que je ne traiterai pas du sujet du « fun » dans les jeux, mais vous devez apprendre à ne pas être pris par surprise, c’est pourquoi je profite de l’introduction de ce livre pour vous mettre face à une situation imprévisible. Le « fun » du grand débat, du moins pour moi, survient lorsque vous poussez l’adversaire avec vos arguments, que celui-ci vous pousse en retour avec force grâce aux siens mais que vous parvenez à résister à cet assaut. Si vous pouvez simplement renverser votre adversaire d’une douzaine de façons différentes alors il n’y a pas de débat. Si après votre plus simple argument préliminaire votre adversaire peut vous renverser, au moins vous aurez eu un aperçu de ses capacités mais encore une fois il n’y a pas eu de vrai débat. Seulement quand vous pouvez répondre l’un et l’autre aux arguments de chacun et conserver un débat sensé alors seulement là vous aurez quelque chose de réellement intéressant. J’appellerais ça « fun ».
Avant de commencer
Avant de vaincre je dois au moins m’assurer que vous savez jouer. Il vous faudra un jeu, un environnement dans lequel vous y jouerez, l’accès à des adversaires et savoir comment obtenir des compétences basiques.
Choix du jeu
Vous devez en premier lieu choisir un jeu pour jouer. Vous avez déjà probablement un jeu en tête et il se peut même qu’il ne vous est jamais venu à l’esprit d’essayer de vaincre à d’autres jeux. Des jeux différents demandent des aptitudes différentes et il n’est pas toujours évident au débutant, voire même au joueur intermédiaire, quelles compétences sont vraiment nécessaires pour un jeu en particulier. Il vaut mieux, bien sûr, jouer à un jeu qui vous convient.
Je recommande un jeu qui permet à tous les joueurs de démarrer avec autant de matériel et autant d’avantages. Par exemple un jeu de combat permet aux joueurs de démarrer avec différents personnages mais tous les joueurs peuvent sont libres de choisir n’importe quel personnage qu’ils aiment avant que le match commence. Magic : The Gathering est un jeu de carte qui permet aux joueurs d’apporter différents decks à un tournoi mais en partant du principe que tous les joueurs ont eu accès à toutes les cartes avant le tournoi (ce que l’on doit présupposer au niveau de jeu des tournois). Ainsi n’importe qui aurait pu apporter n’importe quel deck. Mais les jeux basés sur un système de montée de niveaux de personnages, tels que beaucoup de jeux massivement multi-joueurs, permettent à un joueur d’avoir un avantage matériel au début d’un match simplement parce qu’il y a passé plus de temps qu’un autre. Dirigez-vous vers les jeux qui ne faussent pas la partie artificiellement mais privilégiez ceux qui récompensent seulement les compétences qu’un joueur amène dans la partie.
Ne choisissez pas tous les jeux. Bien qu’il est noble de penser que vous allez simplement « jouer pour vaincre » à tous les jeux que vous allez rencontrer, il vaut mieux être réaliste. Choisissez un ou deux jeux au maximum à moins que vous ayez une quantité incroyable de temps libre et de compétences aux jeux. Par exemple si votre intérêt est sur un FPS en particulier vous pourriez vous essayer, ou peut-être même devenir expert, à un autre jeu du même genre. Vous pourriez aussi participer à la partie occasionnelle de Scrabble avec votre petite amie, au poker avec vos amis et à Magic : The Gathering ici et là. Le simple fait d’essayer de vraiment vaincre à n’importe lequel de ces jeux est un travail à temps complet à part entière. Vous n’êtes peut-être pas au courant des tournois internationaux de Scrabble, du World Poker Tour ou du Magic Pro Tour mais chacun de ces jeux possède des adeptes de classe internationale. Etre en compétition à haut niveau pour seulement un jeu est une lourde tâche.
Vous devriez reconnaître le niveau d’implication que vous êtes prêt à donner pour un jeu en particulier et vous en satisfaire. Il y a peu de jeux que je prends très au sérieux et le reste je les apprécie autant que je peux avec mon engagement limité. Par exemple j’ai lu beaucoup de livres sur les échecs et j’ai joué aux échecs occasionnellement à travers les années. Dans l’ensemble je suis un joueur horrible. Pendant une partie d’échecs je fais tout ce qu’il m’est possible (dans la limite du jeu) pour gagner mais en dehors je fais très peu pour m’améliorer sur le long terme. Je ne suis pas un membre de la communauté des échecs, je ne cherche pas des joueurs d’échecs plus forts comme mentors et je ne cherche même pas à affronter la masse importante de joueurs disponibles et accessible gratuitement sur internet. D’une manière très limitée (uniquement pendant une partie) je joue pour vaincre mais le processus entier des échecs est une activité fun occasionnelle pour moi et non une tentative sérieuse de dominer le monde des échecs. Je suis à l’aise avec ça parce que je réalise que je ne peux pas dominer tous les domaines.
J’ai néanmoins investi beaucoup plus de ressources mentales dans les échecs que dans d’autres jeux. J’avais l’habitude de jouer quelques parties de Boggle par semaine et encore une fois j’essayais de gagner ces parties mais je ne faisais absolument rien en dehors des parties pour m’améliorer. J’étais à l’aise avec ça parce que le temps que j’aurais pu dépenser à m’améliorer au Boggle a été mieux dépensé à m’améliorer aux jeux que je prenais plus au sérieux.
Quoi qu’il en soit retournons sur le sujet initial : le choix du jeu. Un autre facteur dans la décision est la capacité d’un jeu à être intéressant à haut niveau. Beaucoup de jeux dégénèrent quand ils sont joués à haut niveau et beaucoup paraissent dégénérer mais ne le font en fait pas. Si vous choisissez un jeu mature tel que les échecs vous pouvez être sûr d’une réelle jouabilité à haut niveau mais les parties de débutants sont un lancer de dé. Cela peut sembler un problème mineur mais savoir si plus vous progressez en compétences et plus le jeu est cassé est en fait un problème majeur. Je dirais même que la plupart des joueurs sérieux de la plupart des jeux atteindront un niveau où ils auront l’impression que leur jeu tombe en morceaux et ne requiert plus aucune vraie stratégie. C’est souvent le cas quand ils ont découvert une tactique puissante qui ne semble avoir aucun contre et ainsi éliminant toute pensée stratégique du jeu. J’irai jusqu’à dire que la plupart du temps ce joueur se trompe et qu’il existe des contres à sa tactique ou des tactiques encore meilleures et que le jeu a en effet encore de la profondeur. Quelques fois cependant il n’y a plus de profondeur et ce joueur a raison. Malheureusement cela apparaît de manière suspicieuse exactement comme dans le cas où le joueur a tort.
Cela fait beaucoup à réfléchir pour le moment mais gardez bien à l’esprit que si votre jeu de prédilection n’est pas vieux ou mature vous allez probablement rencontrer ce problème.
L’environnement
Vous créer un environnement de jeu est vital. Le champion est forgé à partir du feu et non à partir du néant. Vous devez avoir accès physiquement au jeu et accès à différents adversaires. Cela aide grandement d’avoir des amis qui jouent au même jeu ou de se faire des amis qui y jouent. Si vous décidez de vraiment essayer de devenir un champion vous allez à un moment donné vous trouver impliqué dans une communauté de joueurs qui jouent à votre jeu. Le plus tôt vous pouvez intégrer cette communauté est le mieux. Ils ont de grandes connaissances sur le jeu et sur les tournois et évènements qui entourent votre jeu. Vous allez trouver des gardiens des secrets du jeu et vous allez trouver les meilleurs joueurs du jeu au fur et à mesure que vous approcherez les cercles fermés de la communauté.
Avoir un accès physique à votre jeu ne peut pas être répété assez. S’il s’agit d’un jeu vidéo arcade vous devez vivre ou travaille ou aller à l’école près d’une salle d’arcade. (Au moment où ce livre sera publié vous pourrez vous renseigner sur les salles d’arcade dans les livres d’histoire.) Si c’est un jeu PC vous devez avoir accès à un PC connecté à tout moment. Si c’est le poker vous devez avoir accès à des cercles de jeu où on joue au poker. Si votre jeu peut être joué à distance (sur Internet) alors vous avez le potentiel au moins de jouer une gamme très large d’adversaires, en supposant que vous montrez que vous êtes dignes de les affronter. Si votre jeu requiert d’affronter des adversaires face à face vous feriez mieux de vivre dans une ville où les meilleurs joueurs vivent si possible. Si ce n’est pas possible vous devez prendre conscience que les joueurs qui ont accès à l’élite des joueurs de votre jeu ont un avantage sur vous. Si vous n’avez pas accès aux joueurs experts de face à face où vous vivez, vous pourriez envisager de changer de jeu de prédilection.
Une autre chose dont vous allez avoir besoin est un régime de vie qui vous permet d’allouer assez de temps, d’argent et d’énergie mentale à jouer au jeu. Parce que c’est important je vous conseille de jouer à un jeu que vous trouvez « fun » ou au moins qui vous trouvez la compétition ou le challenge personnel d’amélioration « fun » parce que construire sa vie autour d’un jeu que l’on considère comme un « travail » est une erreur. Construire votre vie autour de n’importe quel jeu est sans doute une erreur mais je vais faire semblant d’ignorer ceci parce que ça aide quand on cherche à vaincre.
Les compétences basiques
Votre premier but devrait être d’apprendre les règles du jeu, comment effectuer les actions et coups basiques dans le jeu, de comprendre quels coups autorisés vous sont disponibles et bien sûr les conditions de victoire et de défaite. A ce niveau vous devrez aussi essayer d’apprendre le jargon utilisé par les autres joueurs et vous devrez vous sentir confiant en effectuant des coups basiques. Dans certains jeux cela prend beaucoup de temps de dépasser le sentiment de malaise du débutant.
Notez bien qu’aucune de ces tâches ne nécessite l’aide d’un joueur expert. Vous pouvez lire des livres de règles et des FAQs et tout simplement jouer. Un joueur expert qui vous aide comme mentor (pas encore comme adversaire) est extrêmement utile cependant. Soit il peut vous enseigner le jargon ainsi que les connaissances de base soit il peut, si vous connaissez déjà ceci, vous expliquer comment le jeu est vraiment joué. Cela peut aussi être très utile de regarder des joueurs experts jouer l’un contre l’autre à ce niveau (soit en personne, soit via des enregistrements) mais jouer contre eux peut être vite écrasant. Cela dépend de votre efficacité dans votre période de débutant. Regarder des joueurs experts ou intermédiaires vous révèlera aussi les tactiques de base que vous devrez apprendre et probablement beaucoup d’autres choses qui vous passe au dessus pour le moment.
Une fois que vous avez fait tout ce qui est cité ci-dessus et que vous comprenez les bases du jeu, la tâche suivante est d’apprendre quelques tactiques personnelles de base. Vous feriez mieux d’apprendre des suites de coups efficaces et faciles à exécuter qui peuvent vous donner une chance de gagner. Le but n’est pas de trouver de nouvelles suites qui n’ont jamais été vues avant, le but est d’être efficace. Quand un adversaire joue très mal vous devriez avoir au moins une idée sur ce que vous êtes sensé faire pour atteindre la victoire. Selon le jeu, il peut y avoir différentes tactiques de base qui vous permettent de gagner. Aussi selon le jeu vous pourriez avoir à apprendre à effectuer ces tactiques en dehors du chaos d’une vraie partie. Si même les tactiques de base nécessitent beaucoup d’entraînement alors essayez de développer ces compétences aussi vite que possible dans un environnement sous contrôle. Ne passez pas trop de temps sur l’entraînement isolé et la recherche poussée à ce stage parce que vous avez besoin de plonger dans de vraies parties.
Je connais certains joueurs qui même à ce niveau de base aimeraient ne jouer que contre des experts. Personnellement je préfère jouer contre des joueurs mauvais et moyen quelque temps pour travailler mes compétences à jouer efficacement. Je pense que ce qui est important à ce niveau est simplement de jouer le plus possible, peu importe le niveau de vos adversaires. La familiarisation avec le jeu est primordiale.
Quand vous jouez contre des experts ils vous battent probablement à plate couture. Jouer contre eux vous apprendra quels coups sont risqués ou mauvais et vous devez apprendre à faire de moins en moins de ces coups qui vous feront perdre la partie. Bien sûr si tout ce que vous faites est enlever des coups de votre répertoire vous jouerez un jeu moins risqué qui va probablement moins perdre à tout moment mais vous devez aussi effectuer des coups qui gagnent! Vous devrez faire des progrès importants en jouant pour ne pas perdre aussi rapidement lorsque vous jouez contre des experts mais allez vous apprendre à gagner? Regarder ce que les experts font contre vous. Ils sont très efficace à voler une partie. Quand vous faites une erreur, regardez exactement comment ils vous punissent. Regardez exactement quelle séquence de coups ils utilisent pour finir la partie.
A nouveau, certains de mes amis ne jurent que par jouer des experts et il y a sûrement beaucoup à apprendre de cela. Mais une fois que vous avez appris comment les experts gagnent il peut être très difficile de s’entraîner à effectuer ces manœuvres contre eux. La possibilité d’entraîner ses réflexes de victoire ne se présentera que rarement. C’est à ce niveau là que je préfère jouer contre des joueurs plus faibles. Les joueurs plus faibles vous montrerons plus d’opportunités pour entraîner vos compétences de fin de partie. Vous pouvez essayer en permanence des variations dans vos patterns d’attaque contre eux. Vous pouvez travailler vos compétences à finir la partie. Souvent des patterns d’attaque vous rendent vulnérables. Entraînez-vous alors à effectuer des suites offensives qui ne présentent aucun trou ou faiblesse. Vous ne saurez pas vraiment si c’est le cas avant de rencontrer des experts plus tard cependant.
L’idée est d’utiliser les débutants comme une manière d’obtenir énormément d’entraînement dans les tactiques qui font gagner une partie dans une courte période de temps. Les experts permettent rarement à de telles situations d’arriver mais quand ils le font, vous devez capitaliser là dessus de manière professionnelle. Quand un adversaire fait une erreur fatale vous devez être capable de prendre le contrôle de la partie avec confiance et de la gagner. Ceci doit être naturel, quelque chose que vous avez fait des milliers de fois auparavant. Quand l’opportunité rare de gagner se présente alors que vous jouez un expert vous ne devriez pas avoir à penser « Je suis quasiment sûr que je peux gagner en théorie. Les manuels disent que je dois faire X. ». Vous devriez prendre contrôle de la partie rapidement, simplement et instinctivement de la même manière que vous l’avez déjà fait un nombre incalculable de fois contre des débutants.
Les experts vous gardent dans le droit chemin. Ils vous rappellent « Ce coup était risqué. Tu ne peux pas m’avoir avec ça. Cela n’arrêtera pas ma progression. » L’expert vous apprend aussi comment gagner mais ne laisse seulement très peu d’occasions de s’entraîner à gagner. Le débutant au contraire vous laissera vous entraîner à gagner jusqu’à ce que cela devienne une seconde nature. A ce niveau vous devez retourner vers les experts.
Il viendra bientôt une période où les débutants et même les intermédiaires ne vous seront d’aucune aide. Ils ne savent pas comment punir vos erreurs correctement de telle sorte que vous développez de mauvaises habitudes. Ils tombent dans des pièges qui ne sont pas « réels », dans lesquels des experts ne seraient jamais tombés. Et peut être le pire de tout, ils perdent souvent d’eux-même. Si vous jouez de manière prudente assez longtemps contre des débutants ou des intermédiaires, ils vont finir par faire une erreur qui vous donnera la victoire. Cela peut vous apprendre que le jeu lent et prudent est le chemin vers la victoire. Mais que ferez-vous quand l’expert ne fait à aucun moment une erreur? Que faire si l’adversaire est assez bon pour que vous devez jouer de manière active pour le battre plutôt que d’attendre qu’il perde de lui-même? C’est pourquoi vous devez concentrer toute votre attention à jouer contre des experts quand vous êtes prêt.
GUIDE INTERMÉDIAIRE
Jusqu’ici vous n’avez appris que des choses évidentes et banales. Je sais que faire le premier pas peut être la partie la plus difficile de tout voyage, alors je voulais vous faciliter le démarrage. Mais tout s’arrête ici. Vous devez maintenant comprendre la froide et dure réalité de la compétition. C’est la partie difficile à accepter. C’est la partie qui va vous déranger. Vous aurez de nombreux mécanismes de défense qui vous diront que j’ai tort, mais je vous assure avec certitude que sur ce point je vous livre directement la seule et unique vérité.
PRÉSENTATION….DU « SCRUB »
Le terme péjoratif « scrub » signifie plusieurs choses différentes. Une des définitions est quelqu’un (en particulier un joueur) qui n’est pas bon à quelque chose (en particulier un jeu). D’après cette définition, nous commençons tous en tant que « scrubs », et il n’y a certainement pas de honte à cela. Je propose une autre définition, cependant. Un « scrub » est un joueur handicapé par ses propres règles imposées, que le jeu ne connaît pas. Un « scrub » ne joue pas pour gagner.
Maintenant, tout le monde commence comme un joueur faible – il faut du temps pour apprendre un jeu pour arriver au point où vous savez ce que vous faites. Cependant, il y a la notion erronée qu’en continuant seulement à jouer ou à « apprendre » le jeu, on peut devenir un top player. En réalité, le « scrub » a beaucoup plus d’obstacles mentaux à surmonter que tout ce qui se passe réellement pendant la partie. Le « scrub » a perdu la partie avant même qu’elle ne commence. Il a perdu la partie avant même de décider quel style jouer. Son problème? Il ne joue pas pour gagner.
Le « scrub » pourrait mal prendre cette déclaration car il croit généralement qu’il joue pour vaincre, mais il est lié par une construction complexe de règles fictives qui l’empêche de vraiment rivaliser. Ces règles inventées varient d’un jeu à l’autre, bien sûr, mais leur caractère reste constant. Prenons un jeu de combat dont j’ai fais ma carrière de joueur: Street Fighter.
Dans Street Fighter, le « scrub » aime catégoriser une grande variété de tactiques et de situations. Il trouvera telle technique « cheap » (facile, bon marché ou faible, sans mérite) ou « nulle ». Le mantra du « scrub » est d’éviter à tout prix ces situations. Faire une projection sur quelqu’un est souvent considéré comme « cheap ». Pour rappel, une projection (ou chope) est un type particulier de mouvement qui attrape un adversaire, le blessant même lorsque l’adversaire se défend contre tous les autres types d’attaques. Le but de la chope est d’être capable d’endommager un adversaire qui s’assoit, bloque et n’attaque pas. En ce qui concerne le jeu, la chope est une partie intégrante de la conception du jeu – il est censé être là – mais le « scrub » a construit son propre ensemble de principes dans son esprit qui stipulent qu’il devrait être totalement inatteignable lorsqu’il bloque, peu importe le type d’attaque. Le « scrub » pense que la garde est comme une sorte de bouclier magique qui le protégera indéfiniment. Pourquoi? Explorer le raisonnement est futile puisque la notion est ridicule depuis le début.
Vous ne verrez pas un « scrub » classique choper son adversaire 5 fois de suite. Mais pourquoi pas? Et si cette stratégie optimise ses chances de gagner? Ici, nous avons rencontré notre premier clash : le scrub est prêt à jouer pour vaincre seulement dans son propre ensemble de règles mentales. Ces règles peuvent être incroyablement arbitraires. Si vous battez un « scrub » en lui lançant des projectiles, en gardant vos distances et en l’empêchant de s’approcher de vous, il considère ça comme « cheap ». Si vous le chopez à plusieurs reprises, il considère ça comme « cheap » également. Nous venons de le voir. Si vous bloquez pendant 50 secondes sans bouger, il considère ça comme « cheap ». Presque tout ce que vous faites qui finit par vous faire gagner est un candidat idéal pour être considéré comme « cheap ». Street Fighter n’était qu’un exemple; J’aurais pu choisir n’importe quel jeu compétitif.
Faire un mouvement ou une séquence encore et encore est une tactique que j’affectionne mais qui suscite souvent les railleries du « scrub ». Cela va droit au cœur de la question: pourquoi le « scrub » ne peut-il pas vaincre quelque chose d’aussi évident et téléphoné qu’un seul coup répété encore et encore? Est-il un joueur si faible qu’il ne peut pas contrer ce mouvement? Et si le mouvement est, pour une raison quelconque, extrêmement difficile à contrer, alors ne serais-je pas un imbécile de ne pas utiliser ce mouvement? La première étape pour devenir un joueur de haut niveau est la réalisation que jouer pour vaincre signifie faire tout ce qui augmente le plus vos chances de gagner. C’est la définition même de jouer pour vaincre. Le jeu ne connaît pas de règles d ‘ »honneur » ou de « cheap » ou de « beau jeu« . Le jeu ne reconnait que le gagnant et le perdant..
Une raillerie commune aux « scrubs » est de pleurer que le style de jeu dans lequel on essaie de gagner à tout prix est « ennuyeux » ou « pas amusant ». Qui sait quel objectif le « scrub » a (peut-être jouer pour s’amuser ?), mais nous savons que son objectif n’est pas vraiment de vaincre. C’est le vôtre en revanche. Votre objectif est bon, juste et vrai, et que personne ne vous dise le contraire. Vous avez le pouvoir de vaincre ceux qui vous diraient le contraire, de toute façon. Battez-les, tout simplement.
Considérons 2 groupes de joueurs: un groupe de bons joueurs et un groupe de « scrubs ». Les scrubs vont jouer « pour le fun » et ne pas explorer les limites du jeu. Ils ne trouveront pas les tactiques les plus efficaces pour en abuser sans pitié. Les bons joueurs eux le feront. Les bons joueurs trouveront des tactiques abusées et surpuissantes. Comme ils jouent le plus au jeu, ils seront forcés de trouver des contres à ces tactiques. La grande majorité des tactiques qui, au premier abord, semblent imbattables finissent par avoir des contres, bien qu’elles soient souvent assez subtiles et difficiles à découvrir. Connaître le contre idéal empêche l’autre joueur d’utiliser sa tactique, mais il peut alors utiliser un contre à votre contre. Vous avez maintenant peur d’utiliser votre contre et l’adversaire peut revenir sur sa tactique puissante originale. Ce concept sera couvert plus en détail plus tard.
Les bons joueurs atteignent des niveaux de jeu de plus en plus élevés. Ils ont trouvé les phases « cheaps » et en ont abusé. Ils savent donc comment arrêter les phases « cheaps ». Ils savent comment empêcher l’autre de l’arrêter pour qu’ils puissent continuer à le faire. Et comme c’est très courant dans les jeux compétitifs, beaucoup de nouvelles tactiques seront découvertes plus tard, rendant la tactique « cheap » d’origine saine et équitable. Souvent dans les jeux de combat, un personnage aura quelque chose de puissant, qui le rend injuste. Bien, laissez-le l’avoir. Avec le temps, on découvrira que d’autres personnages ont des tactiques encore plus puissantes et injustes. Chaque joueur tentera d’orienter son jeu dans le sens de ses propres avantages, de la même manière que les grands joueurs d’échecs tentent de diriger leurs adversaires dans des situations où leurs adversaires sont faibles.
Revenons au groupe de « scrubs ». Ils ne connaissent pas la première chose à propos de toute la profondeur dont j’ai parlé. Leur argument est basique : bourrer les boutons, sans tenir compte de la stratégie, est plus « fun ». Superficiellement, leur argument semble au moins valide, car souvent leurs styles seront plus « bourrins et sauvages » que les styles entre les pros, qui sont habituellement plus contrôlé et raffiné. Mais tout examen approfondi révélera que les pros ont énormément de « fun » à ce niveau supérieur que le « scrub » ne peut même pas imaginer. Obtenir une victoire qui n’en a que les apparences n’est pas aussi satisfaisant que de lire l’esprit de son adversaire à un tel point que vous pouvez contrer tous ses coups, et même tous ses contres.
Pouvez-vous imaginer ce qui se passera quand les deux groupes de joueurs se rencontreront? Les experts vont absolument détruire les « scrubs » avec un certain nombre de tactiques qu’ils n’ont jamais vu ou n’ont jamais vraiment été contraints de contrer. C’est parce que les « scrubs » n’ont pas joué au même jeu. Les experts jouaient au jeu réel tandis que les « scrubs » jouaient leurs propres variantes faites maison, avec des règles restrictives et non écrites.
Le « scrub » a encore plus de béquilles. Il parle beaucoup de ses propres « compétences » (ou de son « skill » comme on l’appelle plus généralement) et pour lui les autres joueurs – particulièrement ceux qui le battent – n’en ont pas. La confusion ici est de savoir ce que le « skill » est réellement. Dans Street Fighter, les « scrubs » s’accrochent souvent aux combos comme moyen de mesurer le « skill ». Un combo est une séquence de coups qui ne peut être interrompue si le premier coup touche. Les combos peuvent être très élaborés et très difficiles à réussir. Mais les mouvements simples peuvent également demander du « skill », selon le « scrub ». Le « Shoryuken » dans Street Fighter est effectué en tenant le joystick vers l’adversaire, puis vers le bas, puis en diagonale vers le bas vers l’adversaire et et enfin en appuyant sur une touche coup de poing. Ce mouvement doit être achevé en une fraction de seconde, et bien qu’il y ait une marge de manœuvre, il doit être exécuté avec précision. Demandez à n’importe quel « scrub » et il vous dira qu’un « Shoryuken » est un coup demandant de l’adresse, du doigté. C’est un « skill move ».
J’ai déjà joué un « scrub » qui était plutôt bon. Autrement dit, il connaissait bien les règles du jeu, il connaissait bien le personnage et il savait quoi faire dans la plupart des situations. Mais ses règles mentales l’ont empêché de vraiment jouer pour vaincre. Il a pleuré lorsque je l’ai battu avec « 0 skill move » tandis qu’il a exécuté beaucoup de « Shoryuken » difficiles. Il a pleuré quand je l’ai chopé 5 fois de suite me demandant : c’est tout ce que tu sais faire ? Choper ? Je lui ai donné le meilleur conseil qu’il puisse entendre. Je lui ai dit: « Joue pour vaincre, pas pour faire des « skill move » ou des combos à rallonge ». C’était un grand moment dans la vie de ce « scrub ». Il pouvait soit ignorer ses défaites et continuer à vivre dans sa prison mentale, soit analyser pourquoi il avait perdu, abandonner ses règles et atteindre le prochain palier, le prochain niveau de jeu.
Je n’ai jamais été à un tournoi où il y avait un prix pour le gagnant et un autre prix pour le joueur ayant fait le plus beau combo. Je n’ai jamais vu de prix pour un joueur qui a joué « de façon novatrice » (certains tournois d’échecs ont parfois des prix pour des coups de génies). Beaucoup de « scrubs » ont des liens étroits avec « l’innovation« . Ils disent : « Ce gars n’a rien fait de neuf, alors il n’est pas bon » ou « le joueur X a inventé cette technique et le joueur Y l’a simplement volée. » Eh bien, le jouer Y pourrait être 100 fois meilleur que le joueur X mais cela ne semble pas avoir d’importance pour le « scrub ». Quand le joueur Y gagne le tournoi et le joueur X est l’oublié du tournoi, que dira le « scrub »? Le joueur Y n’a aucun talent bien sûr. Il n’a rien inventé.
Vous pouvez vous élever dans une communauté de jeu en jouant de manière innovante, mais cela ne devrait pas être votre but ultime. L’innovation n’est qu’un des nombreux outils qui peuvent ou non vous aider à atteindre la victoire. Le but est de jouer aussi excellemment que possible. Le but est de vaincre.
Contribution de Jess
En substance, ce chapitre désigne simplement le fait que beaucoup de joueurs (et particulièrement les débutants) ont tendance à se focaliser sur le « beau jeu » et les moves qui font vibrer une salle de tournoi. Comme si la victoire à elle seule n’était pas suffisante pour contenter notre égo, il faut que nous y ajoutions du spectacle, de la fantaisie, des coups de génie. Tout cela (dans l’optique de jouer pour gagner) est un raisonnement inversé. Le spectacle, la fantaisie, les coup de génie doivent servir le but ultime : gagner. Ils ne doivent jamais être une fin en soi.
Prenez l’exemple du boxeur Mayweather, invaincu au niveau professionnel. Cet homme est soumis à de nombreuses railleries, notamment sur son style de jeu, sa manière de se battre et de tenir un combat. Beaucoup le trouvent « ennuyeux à regarder« . Sauf que ça fonctionne. Si votre but ultime est de gagner, et que pour mettre toutes vos chances de votre côté vous devez camper 80 sec dans le corner, aucune barrière mentale ne devrait vous freiner. Be free 🙂
EN SAVOIR PLUS SUR LA DÉFAITE
Perdre fait partie du jeu. Si vous ne perdez jamais, vous n’êtes jamais vraiment testé, et jamais forcé de progresser. Une défaite est une opportunité d’apprendre. Mais perdre peut être bouleversant, et peut amener les émotions à prendre le pas sur la pensée logique. Voici quelques attitudes courantes face à la défaite. Si vous vous trouvez en train de dire ces choses, considérez cela comme un drapeau rouge.
« Au moins, j’ai mon code d’honneur », aka « t’es faible! Aucun mérite »
C’est de loin l’appel le plus commun du « scrub », et je l’ai déjà décrit en détail. En général, le perdant garde sa morale imaginaire en s’en tenant à son code d’honneur, un ensemble de règles fictives inventées qui lui indiquent les mouvements qu’il peut et ne peut pas faire. Bien sûr, les règles du jeu dictent les mouvements qu’un joueur peut et ne peut pas faire, de sorte que le code d’honneur est superflu et contre-productif pour vaincre. Cela peut également prendre la forme du perdant se plaignant que vous avez brisé son code d’honneur. Il supposera presque toujours que le monde entier est d’accord sur son Code et que seuls les plus vils briseront ses règles. Il peut être difficile de raisonner avec ce genre de ferveur religieuse que certains joueurs ont envers leur code. Ce type de joueur tente désespérément de rester un « gagnant » de toutes les manières possible. Si vous l’attrapez au milieu d’une mer de défaites, vous remarquerez que son Code subira des contorsions étranges, de sorte qu’il peut encore se définir, en quelque sorte, comme un «gagnant».
« J’ai perdu contre un scrub! »
C’est la plainte la plus amusante du lot. Quand ce joueur perd contre quelqu’un qu’il considère comme un joueur plus faible que lui, la phrase « j’ai perdu contre un scrub! » est parfois utilisée comme excuse. Ce joueur dit qu’il est très bon dans le jeu, et perdre face à un joueur si faible ne prouve rien. Il énumère souvent toutes les faiblesses de ce «faible joueur», incluant des perles comme «il ne s’appuie que sur une seule tactique» et «ses mind game sont faibles». Plus il descend l’autre joueur, plus son regard sur lui-même est taché. Si l’autre faible joueur ne s’appuie que sur une seule tactique, et que vous ne pouvez pas la battre, que dites-vous de vous?
Ce besoin de blâmer autrui est probablement motivé par la fierté, mais il vous prive d’une chance d’apprendre de vos erreurs (et cela aliène d’autres joueurs, un point sur lequel vous pouvez ou ne pouvez pas vous intéresser). Fondamentalement, vous devez avoir un certain respect pour les autres joueurs qui ont le pouvoir de vaincre, peu importe les fautes que vous pouvez voir avec leurs styles de jeu. Parfois, ces «joueurs plus faibles» sont vraiment meilleurs que vous, et vous ne l’admettez pas. Et s’ils ne sont pas meilleurs, vous ne devriez pas les laisser gagner. Vous devriez reconnaître et apprendre de vos propres erreurs, ou vous devriez améliorer pour les rattraper. Quoi qu’il en soit, le cœur du problème réside en vous , pas dans le joueur contre qui vous venez de perdre.
« Je suis nul, pourquoi essayer ? »
C’est le contraire de l’affirmation ci-dessus: la sous-estimation plutôt que l’excès de confiance. Parfois, cette ligne est dite dans la tristesse après une défaite, ce qui est quelque peu compréhensible. Dans ce cas, il suffit de rester là et de continuer à essayer. Le vrai crime, cependant, est quand cela est dit avant ou même pendant le match. Une faible estime de soi peut être débilitante. Certains joueurs sont ébranlés par une défaite passée ou un autre mauvais événement dans la vie réelle. Ils prennent alors une attitude perdante dans le jeu, même dans les cas où ils ont objectivement un avantage dans le match (comme un meilleur deck dans Magic: The Gathering ou un affrontement avec un matchup favorable dans un jeu de combat). Ce type de joueur doit mettre tout cela hors de sa tête et se concentrer sur le match immédiat. Si vous avez un avantage dans le jeu dans votre choix de personnage /deck / autre, de compétences de jeu générales, ou de connaissances spécifiques, alors c’est ce sur quoi vous devriez vous concentrer. Et si vous n’en avez pas, c’est une raison de plus pour davantage travailler, d’être plus intelligent, de triompher contre toute attente et de montrer aux détracteurs qu’ils ont tous tort. Le doute de soi ne gagne pas de parties ; la pensée positive le fait.
« Ce jeu est stupide / trop aléatoire / trop ennuyeux. »
En toute objectivité, parfois le jeu est stupide ou trop aléatoire ou trop ennuyeux. Dans ce cas, vous devriez arrêter de jouer complètement et trouver quelque chose de mieux à faire de votre temps. Mais ces revendications sont souvent faites contre des jeux bien conçus et équilibré. Pour le jeu « stupide », il peut y avoir un autre niveau de compréhension qui est au-dessus du vôtre et qui rend le jeu génial.
Le jeu « trop aléatoire » est un peu plus complexe. D’un côté, plus un jeu est aléatoire, plus il est probablement mauvais pour un être jeu compétitif sérieux. Mais le hasard peut ajouter du « fun » à un jeu. Habituellement, cependant, il n’y a qu’une manière significative de répondre à cette plainte: examiner si les mêmes joueurs peuvent toujours gagner. On pourrait faire valoir que les jeux de cartes Magic: The Gathering ou Hearthstone sont «trop aléatoire», mais les mêmes joueurs peuvent remporter des tournois nationaux et internationaux encore et encore. Kai Budde, le meilleur joueur du monde à ce jour, se présente régulièrement aux tournois avec le même deck que ses coéquipiers, mais Kai gagne. Apparemment, le jeu n’est pas « trop aléatoire ».
La même chose pourrait être dite du poker. Même si le hasard joue un grand rôle dans une main individuelle, les meilleurs joueurs émergent avec le plus d’argent au cours de plusieurs tournois.
Le commentaire « trop ennuyeux » est toujours une solution facile. Fondamentalement, toutes ces plaintes visent à rejeter le blâme d’une défaite sur les déficiences supposées du jeu lui-même. Encore une fois, le jeu mérite parfois d’être critiqué, mais sachez que ces plaintes ne sont souvent que des excuses qui vous permettent d’ignorer une défaite plutôt que d’en tirer des leçons.
Reprenez-vous si vous commencez à tomber dans l’une de ces attitudes perdantes et prenez la responsabilité de vos défaites. Seul le perdant joue le rôle de la victime. Le gagnant recherche lui activement l’amélioration.
JUSQU’OU ALLER POUR GAGNER?
Les jeux vidéo, comme tous les logiciels, ont des bugs. Même les jeux non informatisés peuvent avoir des interactions que les concepteurs n’ont pas prévues. Si un expert fait tout ce qu’il peut pour gagner, alors exploite-t-il les bugs du jeu? La réponse est un énorme OUI. Le joueur ne peut pas être dérangé pour interpréter la volonté du concepteur dans la mesure tels mouvements sont « legit » et tels mouvements ne le sont pas, ou quels mouvements étaient prévus et quels mouvements ne l’étaient pas. Ce n’est pas pertinent de toute façon. Le joueur ne connaît que les coups qui mènent à la victoire et les coups qui ne le font pas.
Mystérieusement, certains jeux s’attendent à ce que le joueur devine la volonté du concepteur, et s’attendent à ce qu’il adhère à un ensemble de règles de comportement en plus des règles du jeu. C’est le concept fondamentalement erroné embrassé par la plupart des MMO. Considérez World of Warcraft comme exemple. Dans une ville, vous pouvez aller sur les toits et vous pouvez vous battre contre d’autres joueurs, mais vous risquez de recevoir un avertissement car vous n’avez pas le droit de le faire. (En fait, c’était totalement autorisé avant le 3/11/2005 à 21:44 PST, mais interdit ensuite.) Vous pouvez tuer le même monstre toute la journée tous les jours pour « farm » de l’argent en jeu pour vous-même, mais vous ne pouvez pas « trop » farmer ou vous êtes affiché comme étant un goldfarmer et banni. Le réseau complexe de règles maquillées n’est pas sans rappeler le livre de règles auto-imposé du « scrub ».
Je suis ici pour vous dire que les jeux compétitifs légitimes ne sont pas comme ça. Les jeux raisonnables ont des règles intégrées et ne permettent tout simplement pas que des mouvements illégaux aient lieu en premier lieu. Les tournois pour des jeux raisonnables doivent parfois imposer des règles supplémentaires, mais ils gardent cette liste aussi claire et aussi courte que possible. Il y a des jeux qui sont juste pour « s’amuser », parce que vous ne pouvez pas les « gagner » ou en faire des tournois raisonnables. Ces jeux, bien qu’intéressants, ne sont pas dans le cadre de ce livre.
Alors, jusqu’où un joueur doit-il aller pour gagner? Un joueur devrait utiliser n’importe quel mouvement légal de tournoi disponible pour lui qui maximise ses chances de gagner. Si certains mouvements ou tactiques devraient être légaux dans un tournoi est une question totalement distincte que nous verrons plus tard. Pour le moment, le problème est que si c’est légal dans un tournoi, cela fait partie du jeu, point final. Les joueurs reprochent souvent aux autres joueurs de « tricher » ou de jouer « malhonnêtement » lorsqu’ils utilisent des tactiques qui ne devraient pas être autorisées dans un tournoi, souvent parce qu’il s’agit d’exploits de bugs. Le joueur n’est jamais en faute. Le joueur essaie simplement de gagner avec tous les outils à sa disposition. Les plaintes doivent être examinées avec les organisateurs du tournoi (ou la communauté des joueurs) quant à ce qui devrait être autorisé ou non. C’est un problème simple qui confond trop de joueurs.
Contribution de Jess
Le livre a été écrit il y a plus de 10 ans et il n’y a plus autant de ce type de problème aujourd’hui au sujet des tournois. Néanmoins pour ce qui est du bashing envers celles et ceux qui se servent de coups considérés comme malhonnête ou crétin (coucou les autocombos de DBFZ), il n’a jamais été aussi présent malheureusement. Si vous voulez gagner, mettez toutes les chances de votre côté, tout simplement.